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Tu dors ? Ce n'est pas vrai, folle, tu fais semblant
Tu sais bien que ton corps est plus rose et plus blanc
Quand il se laisse aller à cette nonchalance
Dans le hamac de soie où ma main te balance,
Tu sais que la langueur tranquille du sommeil
Te rend la peau plus fraîche et le sang plus vermeil,
Et que tes deux tétins, tandis que tu reposes,
Sont deux bouquets de lis et deux boutons de roses ;
Tu sais que des frissons amoureux et troublants
Viennent ensoleiller la neige de tes flancs ;
Tu sais que tous ces fruits dont ta chair me régale,
Je ne puis les flairer sans avoir la fringale ;
Tu sais trop bien cela, friponne, et, doucement,
Sûre de me tenter, tu souris en dormant ;
Car tu sens mon désir dont le regard flamboie
Planer sur ton sommeil comme un oiseau de proie.
in Les Caresses (Ed. définitive de 1882)