Partager |
Viens par ici, viens, mon p'tit homme ;
N'y a pas tant d'monde, on n'y voit rien.
Déboutonn'-toi tu verras comme,
Je s'rais bonne enfant et j't'amus'rai bien.
Arrive ici pour que j'te l'prenne,
Tu m'foutras six sous pour la peine...

Chut ! un' patrouille... attends-moi là ;
Entretiens-toi pendant c'temps-là.
(Elle s'éloigne, puis revient)

C'est des marlous, n'y prends pas garde,
Viens, que j'te magne ton outil...
J'croyais d'abord qu'c'était la garde...
Y bande encore, est-y gentil !
Va... ferme ! que rien n't'arrête,
Fais-moi cadeau d'ta p'tite burette...

Chut ! un' patrouille... attends-moi là ;
Entretiens-toi pendant c'temps-là.
(Elle s'éloigne, puis revient)

J'ai bien d'la chance tout de même.
T'as du beau linge... Es-tu marié ?...
T'es bel homm', t'as des yeux qu'j'aime...
Avoue-moi qu'es-t-un épicier ?...
T'es p't-être un député d'la Chambre...
Jouis-tu, cochon ?... ah ! le beau membre !

Chut ! un' patrouille... attends-moi là ;
Entretiens-toi pendant c'temps-là.
(Elle revient encore)

Non... C'est des boueux d'ma connaissance...
Mais... par où donc qu'il est passé,
Que j'y finiss' sa jouissance ?...

(À un passant)
C'est-y vous, m'sieur, qu'j'ai commencé ?...
C'est pas lui... quien ! c'est drôl' tout d'même...
Faut croir' qu'y s'ra fini soi-même...
Ah ! j'suis volée pour ce coup-là...
Faut pas d'crédit dans c'métier là.
Cité in La poésie érotique (Marcel Béalu, Ed. Seghers, 1974) - p. 217-18