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Je n'ai point assez du Baiser
Dont se contente tout le monde
Et la source où je veux puiser
Est plus cachée et plus profonde !

De votre bouche elle est la soeur !
En pied d'une blanche colline
J'y parviendrai, dans l'épaisseur
D'un buisson frisé qui s'incline.

Elle est fermée et l'on y boit
En écartant un peu la mousse
Avec la bouche, avec le doigt
Nulle soif ne semble plus douce.

Près de l'entrée on trouvera
Ce rocher que frappait Moïse
Et je veux que ma bouche épuise
Ce flot d'amour qui jaillira !

Car ma caresse ardente et forte
A fait monter l'onde à ses bords !
Je suis à genoux ; c'est la porte
Du sanctuaire de ton corps.

Tu palpites ; je t'y sens vivre ;
Et je sens grandir, qui m'enivre,
L'arôme secret de tes flancs !
Car j'aime tes parfums troublants

Plus que l'odeur des forêts vertes,
Plus que la rose et le jasmin,
Source vive, aux lèvres ouvertes !
Et je t'emporte dans ma main.

Senteur divine ! Et ma moustache,
Ainsi qu'un souffle d'encensoir,
Jette à mon cerveau jusuq'au soir
Ce fumet où mon coeur s'attache !
cité in Nouveau Parnasse Satyrique (1866)