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Quand tu me vois pâlir de fièvre,
Le rire écume sur ta lèvre.

Je suis las. Laisse ! Que veux-tu ?
N'as-tu point usé ma vertu ?

N'as-tu pas déviré ma vie
Et bu mon sang, inassouvie ?

N'entends-tu pas tinter le glas
De tous mes désirs ? Je suis las.

J'ai besoin de cesser la lutte.
Je veux dormir comme une brute.

Mais ton rire strident, moqueur,
Sonne la diane à mon coeur.

Ah ! tes yeux sont des précipices
Et tes paroles des épices.

Allons, mon corps lâche, il le faut !
Condamné, baise l'échafaud.

Encor ? Je ne puis plus. O rage !
La force manque à mon courage.

Mes yeux troubles vont se fermer.
Assez ! Je ne veux plus t'aimer.

Je ne veux plus t'aimer ? Mensonge !
Innasouvi, je t'aime en songe.

Tes doigts brûlent mes reins nerveux.
Embrasse-moi ! Je puis. Je veux.
in Les Caresses (Ed. définitive de 1882)