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Le jeu (2) : Autoroute

Cathy Garcia
alcool
fatigue des fusions pas claires
la nuit ses étoiles
trop belles
partir s’enfuir inassouvie

se rouler une aube clandestine
un début de monde à dérober
 
le soleil se lève
sur ce décor étrange
road movie perso
rage à fond de ventre
ou entre les cuisses plutôt
une envie de baiser
féroce
plus que ça
basculer

franchir la ténue frontière
la fine peau translucide
entre fantasme et réalité
entre l’aube et le jour

cette envie ravageuse
de jouir
dénuder le sein
vous caresser vous conduire
mal
avec self control

dextérité
dans le dérèglement d’une fièvre froide
vous caresser
vous laisser dépasser
par ces conducteurs pressés du petit matin
voient-ils ?
une image vision furtive
subliminale
le genre d’histoires auxquelles
on ne croit pas
juste une histoire
bandante…

rouler encore
exhibée protégée
dans la cage d’acier
transgresser caresser
fiévreusement
quoiqu’il arrive
garder le foyer du sexe
allumé
rouler recracher la route

et puis la terre là bas
en bas
l’eau
la rivière
brume végétation
comme dans un rêve
un rêve ou des cauchemars
entrechoqués
comprendre
la transgression
la perversion

de quel côté se trouve la clé ?

rouler derrière un poids lourd
éleveur de porcs
ne pas le doubler
rester derrière
juste vous caresser
offrir un sein
une folie gratuite
vous défier de poursuivre
pulvériser
l’interdit la niche
d’ego carcéral
glauque ? s’exhiber
au cul d’un livreur de porcs
même et surtout
glauque
hilarant
se rouler dans cette boue
jubilatoire

rouler bouffer de la route
un morceau de vie
coriace excitant
presque plus d’essence
c’est le jeu
autoroute
parking
les routiers
les hommes mal rasés
du matin
les observer tous
imaginer
capter le trouble
d’un routier espagnol
d’un père de famille
la question…

morbide splendeur
des déchéances

cette envie de se vendre
connaître le goût cru du fric
gagné avec son cul
savoir
ne plus être privilégiée
parmi les femmes
de celles dont le corps n’a jamais été
monnaie
trophée
objet maintes et maintes fois
manipulé
jusqu’au rebut

spectacle réalité
échappatoires
jouer avec
jouer le jeu
un jeu pour adultes
puisque…

jusqu’où peut-on ne pas aller ?

se faire dépanner d’une ou deux pièces
l’air innocent ou usé ?
juste jouer avec le fil
d’un miroir tranchant
coincée sur l’autoroute
quelle blague !

la perversion
est-elle un art
violent ?

les campeurs à la nuit
leurs gueules
leurs bagues de gitans
sont trop réels
eux verront
verront le jeu
jamais perdre de vue
qu’avec ces hommes là
le jeu n’est plus
vous avez du flair
de la chance

et puis vous ne cherchez pas
ça
trop facile
trop flippant aussi

alors que cherchez-vous nom de dieu ?

l’autoroute
le parking
le soleil comme avant
combien d’aires d’autoroutes
furent le décor de vos réveils nomades
dans l’autre vie
aujourd’hui ce mauvais cinéma
comme une écharde
dans la tête

jusqu’où peut-on aller pour se sentir vivre
pas seulement exister ?

arrêter la bobine
road-movie stop
s’en retourner sagement
le hasard vous laisse
10 cents de pourboire
et vous autorise
à quitter les studios
ce fut une bonne partie
vous avez risqué
flippé un peu
gagné des points
de force
des points de vie
des points…

Bienvenue dans le Jeu
© Cathy Garcia
inédit 2005