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J’invente
J’habille le désir de mots d’images
Quand la mer se retire et ne laisse sur la plage qu’un peu de varech
Je dessine de grands départs.
L’horizon n’est plus nu je l’habille de villes
Aux noms d’or  et d’escales.
J’invente pour tous les âges
Les costumes des amants.
Je peins le vent l’eau les nuages
Et le quai des embarquements sur les rideaux de Cythère.
Choisis dans mes vêtements
Celui qui t’ira le mieux
Velours des yeux, soie des mensonges,
Organdi* satin des caresses,
J’enrobe j’enrubanne je brode je couds je tresse
Aucun des habits n’est neuf
Mais l’hermine fait illusion
Est roi qui veut dans mes chiffons.

 

* tissu du Turkménistan, issu du commerce entre arabes et chinois

© Denise Miège
in Le soleil en italique (Ed. La Bartavelle, 1995)