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Il fait déjà bien noir
Les braques sont rentrées
La brise marine agite les mousselines
Où restent accrochées
Les senteurs du soir.

Il est dans le boudoir
Un lampadaire éclaire
L'embarquement pour Cythère
Un Amour sur une sellette
Piqué par une abeille
Se reflète dans le miroir.

Vêtue de son peignoir
Sur le divan de velours
Elle s'assoupit faisant rêve d'amour
Qui sur sa lèvre fleurit
Comme un baiser illusoire.

Zéphyr, de ses doigts effilés
Effleure la joue rose
Qui sur les coussins repose
Il joue feu follet
Sur son collier d'ivoire.

Ainsi pleine d'espoir
Parla-t-elle au Zéphyr
Elle dormait sur le sofa
Sa lèvre s'était enflée
Son sein s'était gonflé
Sous sa robe de moire

Elle a su l'émouvoir
La belle aux yeux de ciel
Entre ses doigts lascifs
Un ruban couleur de miel
Il demeura pensif
Appuyé sur l'accoudoir.

Dans ses longs cheveux noirs
Il sema des perles de rosée
Et frôla plein de volupté
Le bras qui sentait l'ambre
Puis abandonna la chambre
Plus calme qu'un reposoir

Zéphyr sur le trottoir sauta
Il partit sans plus attendre
Confier à l'heureux amant
Le rêve candide et tendre
Qu'il surprit un beau soir.
© Michelle Meyer
in Les Imageries (Ed. Jean Germain, 1970)