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Ici sont venus en personne,
Martin, fils de la grand'Simonne
Comme aussi la belle Alison,
Comme aussi sa tante Jacquette,
Grâces à Dieu assez honnête,
Et les parents de la maison.

 

Ils ont de leur volonté franche
Promis qu'ils donneraient dimanche
A Martin la jeune Alison
Pour son épouse légitime,
Car c'est ainsi que l'estime,
Pour la mener dans sa maison.

 

Elle a bien une aune de toile,
Un pot à ferrer de la moëlle,
Plus un bahut, plus un chalit, (1)
Plus un chaudron, une cuvette,
Plus un poëlon, une houlette, (2)
Plus un flacon qui tourne à vis.

 

Elle a dans son propre une cotte,
Un bois-taillis sur une motte,
Un petit logis tout joignant
Dont l'entrée est si difficile
Qu'une personne, quoique habile,
N'entre là qu'en s'agenouillant.

 

De son côté, Martin apporte
Une clef pour ouvrir la porte
Du petit logis d'Alison ;
Elle est sans dent, elle est polie
Et, ce qui la rend plus jolie, 
L'anneau est bordé de coton.

 

Les futurs, contents des promesses,
Se sont fait beaucoup de caresses ;
Peu s'en est fallu qu'Alison,
En présence de l'assemblée,
N'ait fait entrer Martin d'emblée
Dedans sa petite maison.
 
(1) cadre de lit
(2) bâton de berger 
in Choix de Chansons Galantes d'Autrefois par Paul Marion (Ed. H. Daragon, 1911)