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Au détroit fougueux...

Lucrèce
Au détroit fougueux de la vie, dès que s’épanche en nous
la semence première, le jour de sa maturation,
de l’extérieur confluent les images de divers corps,
promesses d’un beau visage et d’un teint éclatant,
qui excitent les régions gonflées par la semence [...]
Ainsi de l’homme atteint par les traits de Vénus
que lui lance le garçon aux membres féminins
ou la femme dont tout le corps darde l’amour :
il tend vers qui le frappe et brûle de l’étreindre,
de jeter la liqueur de son corps dans le sien,
car son désir muet lui prédit le plaisir. [...]
Tels les amants, jouets des images de Vénus [...]
Cupides, leurs corps se fichent, ils joignent leurs salives, [...]
Enfin jaillit le désir concentré en leurs nerfs,
leur violente ardeur s’apaise un court instant,
puis un nouvel accès de rage et de fureur les prend [...]
Jamais les oiseaux, les fauves, les bestiaux petits ou gros,
les juments ne pourraient se soumettre aux mâles
si leur nature, brûlant, débordant, n’entrait en rut
et ne jouissait du plaisir donné aux assaillants.