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Dans ce coin reculé du Bois, loin des pelouses
Et des lacs fréquentés par l'innocent public
Et surveillés peut-être aussi par quelques flics,
Gardiens inoffensifs d'une pudeur jalouse,

Nue (excepté pourtant son collier de perlouzes)
Sous un manteau signé d'un couturier très chic,
Le visage caché par l'écharpe en batik,
Elle attend le signal convenu des partouzes !

Tout près d'elle s'allume un phare éblouissant
Et, comme un grand félin souple, noir et luisant,
Dans un doux crissement stoppe une limousine !...

Elle ouvre son manteau et la vive clarté
Illumine un instant sa stricte nudité !
...Et l'auto semble un monstre aux pieds de Mélusine !
© Pierre Alberty
in Le Jardin d'Eros (Éd. Le Dessus du Panier, 1928)