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J'ai vu de suite à sa dégaine
Qu'elle allait me braquer sans peine :
Elle était armée jusqu'aux dents
Avec son sourire engageant.
Mon cœur devant sa belle mine
A sauté fort dans ma poitrine
Et j'ai rêvé que, sabre au clair,
Dans l'assaut, j' m'envoyais en l'air
Mais pourquoi penser à la guerre
En f'sant l'amour à l'armurière.


Elle avait du chien, c'est certain,
Pour ajuster les chauds lapins
Et les trous de balle à la file
N'en font plus qu'un seul dans le mille.
Elle avait le feu de partout
Pour tirer sans compter les coups :
Ainsi qu'une vraie mitraillette
Son chargeur crachait tout en fête
Mais pourquoi penser à la guerre
En f'sant l'amour à l'armurière.


Ne lui cherchez pas trop de crosses
En la comparant à ces tanks
Car son pétard alors féroce
Vous contraindrait à quelques planques.
Il faut être bien suicidaire
Pour s'opposer à ces pulsions
Et m'envoyer dès lors en l'air
Je suis la chair de ce canon
Mais pourquoi penser à la guerre
En f'sant l'amour à l'armurière.


Je ne pouvais faire long feu
Car je l'ai compris bien trop tard,
Elle avait de la poudre aux yeux
Pour me fusiller du regard.
Dès lors, j'ai compté pour si peu
Qu'à son beau peloton je tombe,
Et, sans artifice, à ses vœux,
Elle tire ailleurs, s'envoie en bombe
Mais pourquoi penser à la guerre
En f'sant l'amour à l'armurière.
© Gérard Salert