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Ton ventre porte un sceau qui n’est pas à mon chiffre.
Sans espoir de l’ouvrir souvent ma bouche y crache
Et lèche à contrecœur la crasse qui s’y cache
Au milieu d’un taillis de petits poils en friche.

Lorsque tu te débats sous les coups de ma griffe,
Notre sueur s’y écoule ainsi qu’après l’orage
L’eau ravine la plaine et stagne dans la flache,
Et je bois ce calice amer et lénitif.

C’est par ce sas occlus qu’un autre être que moi
T’insinua sa sève afin que je te voie
Un jour ou l’autre, mais derrière ce judas,

Son œil demeure encore, et d’un air renfrogné
Me nargue au guichet où je m’épuise à cogner.
Pourquoi ne puis-je entrer par cette porte-là ?
© Lionel Labosse
in Blasons du corps masculin (Magazine Gai Pied n°330, 1988)