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Les modèles amateurs

Jorge
Depuis plusieurs années, je connais bien les filles,
Posant pour la photo, et pour quelques euros.
Au début, pas question qu’elles se déshabillent
Et puis rapidement, je sais tout de leur peau.

Certaines posent nues et d’autres s’y refusent,
D’aucunes espèrent des revenus indus,
L’image de leur corps bien souvent les abuse.
Dès le risque écarté, ne se maîtrisant plus,

Elles s’offrent à l’œil, impudiques et lascives,
Aiment à être vues, scrutées, photographiées,
Dans des poses osées, ouvertes ou passives
Et ravies de pouvoir, quelque part, me défier.

J’en ai vu se lover, comme chatte en chaleur
Devant mon objectif, perdre leur retenue,
Montrer l’intimité de leur fruit défendu
Et me laisser saisir leur secrète couleur !

J’en ai vu me narguer et leurs yeux me disaient
Tu aimerais bien, hein ? Mais ce n’est qu’un doux rêve...
Et moi je m’accrochais, au cadrage, au portrait,
Je mitraillais sans fin et je shootais sans trêve.

Et, dès le lendemain, regretter son audace,
Se prétendre abusée dans le feu de l’action
Tenter par tout moyen d’effacer toute trace
D’impudeur avérée, de franche exhibition.

Et, dès le lendemain, quand elle réalise
Toute la dimension de sa lubricité,
Car telle est toute femme, elle aime à s’exhiber,
Elle accuse soudain l’artiste de traîtrise,

S’il publie les images, qu’elle a consenties,
Exige leur retrait du site, sur la toile,
Pleure, crie, enrage, en vient à l’hystérie
Alors que librement elle a ôtés les voiles

Qui cachaient ses rondeurs, jusqu’alors si discrètes,
Mais qu’elle a eu plaisir sans doute à vous montrer.
Je le sais dans mon cœur, la femme est ainsi faite,
Inspirant le désir pour mieux se refuser !

Ah ! Je vous connais bien, tous mes jeunes modèles,
Que ne feriez-vous pas pour quelques sous de plus !
« - Et j’aime mon copain, je lui reste fidèle,
Mais si tu mets le prix, je t’offrirai bien plus. »

Donc, mes demoiselles, en offrant votre cul,
Vos seins bien rebondis, votre bel entrecuisse
Au photographe ému, vous vous faites complices,
Parfois infidèles. Ne vous étonnez plus

Que vos hommes, furieux des jambes écartées,
Des derrières tendus ou des fentes humides,
Ne se sentent cocus ou ne se croient trompés.
Ils vous trouvaient déjà pas toujours très timides,

Ils découvrent soudain, sous l’ange, la salope.
Moi je vous aime bien, mais l’étrange métier
Que j’exerce avec vous, est un peu interlope,
Sachez vous expliquer, à chacun son fessier !

Et s’il peut arriver, pendant une séance,
Quelque petit écart, par désir partagé,
Évitons, par pitié, de friser l’indécence,
Ce qui ne se dit pas n’aura rien saccagé.

Toutefois, je me dois, de rendre un fier hommage,
À celles qui se sont offertes sans remords
Et je n’oublierai pas, même jusqu’à ma mort,
Ni leurs câlins si doux, ni leurs adieux si sages.
© Jorge