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Mignonne, sais-tu qu’on me blâme
De t’aimer comme je le fais ?
On dit que cela, sur mon âme !
Aura de singuliers effets ;
Que tu n’es pas une duchesse,
Et que ton cul fait ta richesse,
Qu’en ce monde, ou rien n’est certain,
On peut affirmer une chose :
C’est que ton con vivant et rose
N’est que le con d’une putain !

Qu’est-ce que cela peut foutre ?
Lorsqu’on tient ces vains propos,
Je les méprise, et je passe outre,
Alerte, gaillard et dispo !
Je sais que près de toi je bande
Vertement, et je n’appréhende
Aucun malheur, sinon de voir,
Entre mes cuisses engourdies,
Ma pine flasque et molle choir !

Près de toi comme un matamore
Mon vit se dresse, querelleur,
Petite, et je me remémore
Les exploits d'Hercule en sa fleur ;
Lorsque je te vois, ma culotte,
Même les jours où l'on grelotte,
A la bombonne d'un tonneau ;
Je sens que ma pine frétille
Avec des mouvements d'anguille
Poursuivant un rêve en pleine eau !

Que m'importe que l'on te baise !
Pourvu que devant toi mon vit
Se tende, rouge comme braise,
Vers ta motte qui le ravit ?
Sur ta poitrine souple et vaste,
Ta gorge s'étale avec faste,
Comme un bloc de marbre insolent,
Et cette gorge ferme, unique,
Glacée et chaude, communique
Sa royale ampleur à mon gland !

Viens, tu me fais bander quand même !
Après cent coups réitérés,
Je trouve encore du saint-crême
Dans mes roustons désespérés
Et je crois qu'un nouveau pucelage
M'est revenu, tant j'ai de rage,
Et tant je sens, ô Malvina !
De flamme au coeur et dans le ventre,
A cet instant suprême où j'entre
Dans ton con plus chaud que l'Etna !

Telle qu'une maîtresse poutre,
Ton corps est solide, et tes yeux
Ressemblent à deux lacs de foutre
Battus par un vent furieux ;
Ton coup de rein puissant m'enlève
Jusqu'au plafond, et je crève
De mon cul anguleux le ciel
Du lit, qui sur nous deux surplombe,
Et puis, comme un chat je retombe
Dans ton con providentiel !

Je me fous bien qu'une maîtresse
Me soit fidèle, et que jamais
Le noeud d'un autre ne caresse
Le cul ou le con où je mets
Ma langue éprise d'aventure,
Si cette honnête créature
Me laisse indifférent et froid,
Et que ma modeste queue
Ne regarde la voûte bleue
Que sous la pression du doigt !

Note : ce poème est une référence à la comédie du même nom de Marivaux (1746)

in Joyeusetés galantes et autres du vidame Bonaventure de la Braguette (1866)

cité in La poésie érotique (Marcel Béalu, Ed. Seghers, 1974 - p.240-242)