Partager |

Vous avez un mari qui entre en frénésie
Quand il voit que quelqu’un veut de vous s’approcher,
Dit qu’on sorte dehors, et qu’il se veut coucher,
Voulant et ne pouvant cacher sa jalousie.

Mais, puis qu’il continue en cette rêverie,
Et qu’il veut sans sujet vos plaisirs empêcher,
Sans plus tant se fâcher il se faut dépêcher
De le mettre au papier de la grand' confrairie.*

Il ne ressemble pas à dix mille maris
Qui cocus de leur gré paraissent dans Paris,
Sont habillés de soie et vivent à leur aise.

Les femmes de ceux-là ont meilleur temps que vous,
Car tant s’en faut qu’ils soient de leurs femmes jaloux,
Qu’eux-mêmes font le guet, quand quelque ami les baise.

 

* référence à la Confrerie des martyrs et à son texte fondateur l'Advis salutaire et tres-nécessaire aux gens de bien, qui se laissent battre par leurs femmes

in Les satyres bastardes et autres oeuvres folastres du Cadet Angoulevent (Ed. Anthoine Estoc, 1615 - Rééd. J. Gay, 1865, p. 169)