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Congé à une nonnain

Isaac Du Ryer
Tous les jours tu me romps la tête,
De te vouloir rendre nonnette.
Hé bien ! laisse-moi ton connin,
Et puis te vas rendre nonnain.

 

Ta bouche aussi pleine de roses,
Que je cheris sur toutes choses,
Où mon cœur languit en prison,
Je t'en prie de m'en faire don.

 

Fais-moi ton héritier encore
De ton beau téton que j'adore :
Ayant ces trois choses à moi,
Je n'ai plus que faire de toi.

 

Mais, dis-moi, que voudrais-tu faire
Enclose dans un monastère ?
Tout y est oisif, ce dit-on,
Et connin, et bouche, et téton.
- 1610 -
in Les Satyres bastardes et autres œuvres folastres, rassemblées par Cadet Angoulevent, 1615