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Une fille à une autre fille...

Mathieu Montreuil
Une fille à une autre fille, toutes deux pensionnaires dans une Religion. 
  
  
Vous que le ciel a mis au rang des plus parfaites,
Vous dont les yeux brillants rangent tout sous leur loi,
Si je vous réponds mal au beaux vers que vous faites,
Mon coeur en récompense, y répond bien pour moi. 
   
Je vous aime si fort que cela me surprend
Si le ciel m'eut traitée avec quelque justice,
Il m'eût faite d'un sexe au votre différent,
Et quel plaisir j'aurais à vous rendre service ! 
   
Quand votre âme, à présent pour moi toute enflammée,
Devroit être en ce temps plus froide qu'un glaçon,
Quand je serais haï comme je suis aimée,
J'y gagnerais, je crois, jusques à vos refus. 
   
Lors, je ne vous verrais qu'au travers d'une grille,
Mais enfin, ma Philis, je vous verrais pourtant.
Hélas ! pourquoi faut-il que je ne sois que fille ?
Ou bien pourquoi faut-il que je vous aime tant ?
in Poésies diverses de Mathieu de Montreuil (Ed. Jules Liber - 1861 - Nouvelle édition des Poésies diverses de Math. de Montereuil revues et corrigées Paris, C. Barbin, 1671)