Nul parfum n'est plus doux que celui d'une rose
Lorsque l'on se souvient de l'avoir respiré
Ou quand l'ardent flacon, où son âme est enclose,
En conserve au cristal l'arôme capturé.
C'est pourquoi, si jamais avec fièvre et délice
J'ai senti votre corps renversé dans mes bras
Après avoir longtemps souffert l'acre supplice
De mon désir secret que vous ne saviez pas,
Si, tour à tour, muet, pressant, humble, farouche,
Rôdant autour de vous dans l'ombre, brusquement
J'ai fini par cueillir la fleur de votre bouche,
vous, mon cher plaisir qui fûtes mon tourment !
Si j'ai connu par vous l'ivresse sans pareille
Dont la voluptueuse ou la tendre fureur
Mystérieusement renaît et se réveille
Chaque fois que mon cœur bat contre votre cœur,
Cependant la caresse étroite, ni l'étreinte
Ni le double baiser que le désir rend court
Ne valent deux beaux yeux dont la flamme est éteinte
En ce repos divin qu'on goûte après l'amour !
Lorsque l'on se souvient de l'avoir respiré
Ou quand l'ardent flacon, où son âme est enclose,
En conserve au cristal l'arôme capturé.
C'est pourquoi, si jamais avec fièvre et délice
J'ai senti votre corps renversé dans mes bras
Après avoir longtemps souffert l'acre supplice
De mon désir secret que vous ne saviez pas,
Si, tour à tour, muet, pressant, humble, farouche,
Rôdant autour de vous dans l'ombre, brusquement
J'ai fini par cueillir la fleur de votre bouche,
vous, mon cher plaisir qui fûtes mon tourment !
Si j'ai connu par vous l'ivresse sans pareille
Dont la voluptueuse ou la tendre fureur
Mystérieusement renaît et se réveille
Chaque fois que mon cœur bat contre votre cœur,
Cependant la caresse étroite, ni l'étreinte
Ni le double baiser que le désir rend court
Ne valent deux beaux yeux dont la flamme est éteinte
En ce repos divin qu'on goûte après l'amour !
© Henri Régnier
in Le miroir des heures (1906-1910) - Section "Le miroir des amants"
Ed. Mercure De France, 1921 - p.126
in Le miroir des heures (1906-1910) - Section "Le miroir des amants"
Ed. Mercure De France, 1921 - p.126