Ô vase de volupté,
Je t'aime, Femme, Beauté !
Je suis un Faune hanté
Par la luxure :
Brute vouée au plaisir,
Chair condamnée à gésir
Sous la meule du désir
Qui me pressure.
Un rut fou tient mon destin :
Mais j'adore le festin
Que du soir jusqu'au matin
Mon sang arrose ;
Je suis le joyeux marthyr
Qui se grise de sentir
Sa chair vive s'engloutir
Sous la dent rose.
Chaque femme, je la veux !
Des talons jusqu'aux cheveux
J'emprisonne dans mes voeux
Les inconnues :
Sous leurs jupons empesés
Mes rêves inapaisés
Glissent de sournois baisers
Vers leurs peaux nues.
Je déshabille leurs seins :
Mes caresses, par essaims,
S'abattent sur les coussins
De leurs poitrines ;
Je me vautre sur leurs flancs,
Ivre des parfums troublants
Qui montent des ventres blancs
À mes narines.
Vous aussi. Nymphes, splendeurs
Que pour mes fauves ardeurs
L'art du pinceau sans pudeurs
A dévêtues :
Vos formes, obstinément,
Me tirent comme un aimant ;
J'ai de longs regards d'amant
Pour les statues.
Doux, je promène ma main
Aux rondeurs du marbre humain,
Et j'y cherche le chemin
Où vous mes lèvres.
Ma langue en fouille les plis ;
Et sur les torses polis,
Buvant les divins oublis,
J'endors mes fièvres.
- Ainsi, toujours tourmenté
Par des soifs de volupté,
J'emplis de lubricité
Mes vers eux-mêmes ;
Et quand mes nerfs sont lassés,
Quand ma bête crie : assez,
J'onanise mes pensers
Dans mes poèmes !
Je t'aime, Femme, Beauté !
Je suis un Faune hanté
Par la luxure :
Brute vouée au plaisir,
Chair condamnée à gésir
Sous la meule du désir
Qui me pressure.
Un rut fou tient mon destin :
Mais j'adore le festin
Que du soir jusqu'au matin
Mon sang arrose ;
Je suis le joyeux marthyr
Qui se grise de sentir
Sa chair vive s'engloutir
Sous la dent rose.
Chaque femme, je la veux !
Des talons jusqu'aux cheveux
J'emprisonne dans mes voeux
Les inconnues :
Sous leurs jupons empesés
Mes rêves inapaisés
Glissent de sournois baisers
Vers leurs peaux nues.
Je déshabille leurs seins :
Mes caresses, par essaims,
S'abattent sur les coussins
De leurs poitrines ;
Je me vautre sur leurs flancs,
Ivre des parfums troublants
Qui montent des ventres blancs
À mes narines.
Vous aussi. Nymphes, splendeurs
Que pour mes fauves ardeurs
L'art du pinceau sans pudeurs
A dévêtues :
Vos formes, obstinément,
Me tirent comme un aimant ;
J'ai de longs regards d'amant
Pour les statues.
Doux, je promène ma main
Aux rondeurs du marbre humain,
Et j'y cherche le chemin
Où vous mes lèvres.
Ma langue en fouille les plis ;
Et sur les torses polis,
Buvant les divins oublis,
J'endors mes fièvres.
- Ainsi, toujours tourmenté
Par des soifs de volupté,
J'emplis de lubricité
Mes vers eux-mêmes ;
Et quand mes nerfs sont lassés,
Quand ma bête crie : assez,
J'onanise mes pensers
Dans mes poèmes !
in La Légende des sexes - Poèmes hystériques (1883)