La marchande d'écrevisses
Maurice Rollinat
Aux portes des cafés, où s'attablent les vices,
Elle va, tous les soirs, offrant des écrevisses
Sur un petit clayon tapissé de persil.
Elle a l'oeil en amande orné d'un grand sourcil,
et des cheveux frisés blonds comme de la paille.
Or, ses lèvres en fleur, qu'un sourire entre-baille,
tentent les carabins* qui fument sur les bancs ;
et comme elle a les seins droits, et que, peu tombants,
ses jupons laissent voir sa jambe ronde et saine,
chacun d'eux lui chuchote un compliment obscène !
* étudiants en médécine
cité in La Muse parodique (Ed. José Corti, 2009) - p. 225