Pourquoi donc t'habiller si matin, ma chérie ?
Pourquoi me dérober si tôt ta chair fleurie ?
Non, ne mets pas encore tes seins au cachot noir
De ton corsage ; garde un peu ce long peignoir
Qui moule ton beau corps tout nu sous la dentelle,
Et dont la manche large a comme un frisson d'aile.
Nous irons au jardin boire un coup de printemps,
Mouiller dans les gazons ta traîne aux plis flottants,
Voir les fruits que je mors et les fleurs que tu cueilles,
Nous rafraîchir les yeux dans les yeux vert des feuillles,
Et respirer l'aurore ainsi que deux oiseaux.
Viens, tes frisons de soie, en dépit des réseaux,
S'envoleront au souffle amoureux de la brise ;
Tu verras au travers, dans l'aube qui s'irise,
Blonds et fins, les crêpons d'un nuage vermeil.
Et tes cheveux seront avec ceux du soleil.
Pourquoi me dérober si tôt ta chair fleurie ?
Non, ne mets pas encore tes seins au cachot noir
De ton corsage ; garde un peu ce long peignoir
Qui moule ton beau corps tout nu sous la dentelle,
Et dont la manche large a comme un frisson d'aile.
Nous irons au jardin boire un coup de printemps,
Mouiller dans les gazons ta traîne aux plis flottants,
Voir les fruits que je mors et les fleurs que tu cueilles,
Nous rafraîchir les yeux dans les yeux vert des feuillles,
Et respirer l'aurore ainsi que deux oiseaux.
Viens, tes frisons de soie, en dépit des réseaux,
S'envoleront au souffle amoureux de la brise ;
Tu verras au travers, dans l'aube qui s'irise,
Blonds et fins, les crêpons d'un nuage vermeil.
Et tes cheveux seront avec ceux du soleil.
in Les Caresses (Ed. définitive de 1882)