Je n'ai vraiment jamais su plaire !
Je n'avais pas encor vingt ans
Que, déjà, je me faisais faire
Les poches par tous mes amants.
Mes jules de nuit et de jour
(Car les mâles m'ont toujours plu)
Se conduisaient avant l'amour
Comme de vulgaires morues.
Combien j'en ai vu, à l'époque,
Moches ou beaux, gentils, vilains,
Sublimes minets ou vieux schnocks,
Marchander, la bite à la main !
Certains même allaient jusques à
Réclamer d'avance le fric,
Puis, quand j'avais payé recta,
Sortaient en rengainant leur trique !
J'en ai conclu que les gonzesses
Sont moins putes que les garçons :
Même ceux qui aiment la fesse
Ne bandent vraiment qu'au pognon !
J'ai vieilli, cela va sans dire,
Mais ça n'a rien changé du tout
(L'homme n'est ni meilleur ni pire)
Sinon... qu'à présent je m'en fous.
Je méprise à présent les hommes
Que jadis j'idéalisais...
C'est triste, bien sûr, mais en somme
Ce n'est pas moi qui les ai faits !
Je n'avais pas encor vingt ans
Que, déjà, je me faisais faire
Les poches par tous mes amants.
Mes jules de nuit et de jour
(Car les mâles m'ont toujours plu)
Se conduisaient avant l'amour
Comme de vulgaires morues.
Combien j'en ai vu, à l'époque,
Moches ou beaux, gentils, vilains,
Sublimes minets ou vieux schnocks,
Marchander, la bite à la main !
Certains même allaient jusques à
Réclamer d'avance le fric,
Puis, quand j'avais payé recta,
Sortaient en rengainant leur trique !
J'en ai conclu que les gonzesses
Sont moins putes que les garçons :
Même ceux qui aiment la fesse
Ne bandent vraiment qu'au pognon !
J'ai vieilli, cela va sans dire,
Mais ça n'a rien changé du tout
(L'homme n'est ni meilleur ni pire)
Sinon... qu'à présent je m'en fous.
Je méprise à présent les hommes
Que jadis j'idéalisais...
C'est triste, bien sûr, mais en somme
Ce n'est pas moi qui les ai faits !
© Pierre Gripari
in L'enfer de poche, poèmes libertins (Ed. L'Age d'Homme, 1981)
in L'enfer de poche, poèmes libertins (Ed. L'Age d'Homme, 1981)