Tu me dis que tu m'aimes
Beaucoup plus que toi-même,
Mais pourquoi tant d'outrance
Et tant d'indifférence
À prendre du plaisir
En me faisant souffrir
Je suis Femme, après-tout
Et si j'ai pris Epoux
C'est bien pour en jouir
Et non pour en pâtir…
Car vois-tu, moi je t'aime
Mais pourtant je te hais !

J'adore la puissance,
La beauté de ton sexe
Et sa belle indécence
Qui bande sans complexe
Devant tes invités.
Mais livrée ficelée,
Sous leurs yeux excités,
Durement flagellée,
Je ne peux profiter
D'un peu de volupté…
Et pourtant moi je t'aime
Et pourtant je te hais !

Jambes et bras écartés,
Humiliée, grande ouverte
Tu me veux toute offerte
Pour me faire visiter
Par des êtres pervers
Qui d'objets très divers
Me pénètrent et lacèrent
De tous côtés mes chairs,
Mais je souffre et je pleure
Je n'ai pas de bonheur…
Et pourtant moi je t'aime
Et pourtant je te hais !

Sous ton muscle puissant
De fauve rugissant,
Collée sur la moquette,
Saillie comme une bête
Je ne suis que panthère
Et je mords la poussière,
Sans pouvoir te sentir,
Ni prendre du plaisir
Parce que ta violence
Anéantit mes sens…
Et pourtant moi je t'aime
Et pourtant je te hais !

Pour que tu te régales,
Avec d'autres mâles :
Je veux bien être chatte
Pour que tous me flattent,
Et même qu'ils m'aspergent
De mille et mille verges,
Te montrer mon savoir
Sous leurs coups de poignards,
Hurler de jouissance
Et non pas de souffrance…
Et pourtant moi je t'aime
Et pourtant je te hais !

J'ai le ventre très chaud
C'est pareil au verso
C'est que j'aime en mes cuisses
Que des pines s'y glissent
Mais tu n'es qu'un salaud.
Car la chose est trop bonne
Pour que tu m'abandonnes
Aux mains de mes bourreaux
Pour être châtiée
Sans aucune pitié…
Et pourtant moi je t'aime
Et pourtant je te hais !

Aujourd'hui c'est fini
Ça ne peut plus durer
Je ne veux plus ici
Assouvir tes délires ;
Et moi qui t'adorais
Je n'ai qu'un seul désir :
Celui d'être soumise
À prendre dans le vice
Que bonnes gourmandises
Pourvu que j'en jouisse…
Et pourtant je t'aimais
Maintenant je te hais !