On ne vous verra plus en posture de Pie
Dans le Cercle assoupie :
Au grand plaisir de tous et de votre jarret,
Votre Cul, qui doit être un des beaux Culs de France,
Comme un Cul d'importance,
A reçu chez la Reine enfin un tabouret.
Comme on connaît souvent une chose par l'autre,
Du Cul comme le vôtre
J'ai connu le destin voyant votre beau Nez ;
Et sans être Devin, j'ai prédit que, sans doute,
Ce Cul qui ne voit goutte
Serait vu dans le rang de nos Culs couronnés.
Notre Reine, Princesse aussi juste que sage ,
N'a pu voir davantage
Un Cul plein de mérite et très-homme de bien,
Tandis que d'autres Culs sont assis à leur aise
Au côté de sa Chaise ,
Debout, ou mal assis comme un cul bon à rien.
Ce Cul de satin blanc , dont sans doute la face
Ne fit jamais grimace,
Devait assurément être un Cul Duc et Pair ;
Car qu'aurait-on pensé de ce qu'un Cul si sage ,
Qui vaut bien un Visage ,
N'eût pas eu, chez la Reine, où reposer sa chair ?
Que les Hommes n'ont pas pareille Destinée !
Et que vous êtes née
Sous un Astre puissant et favorable aux Culs !
Tandis que le vôtre est, près de ceux des Princesses,
Assis sur ses deux Fesses,
Le nôtre n'est assis que sur deux os pointus.
Note : ces vers sont dédiés à Marie D'Haultefort, lorsqu'elle fut élevée au rang de duchesse.
in Oeuvres (Ed. J-F. Bastien, 1786 - Volume 7: Poésies diverses, p. 257-261)