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Aux jardins d’Ariel

Denise Miège
Il embrasse avec tout son corps
Il vous mange avec délice,
Sa langue cherche, fais connaissance,
Prend possession et dirige son sexe.

&

Puis de tout son corps se dégage
Comme un champ magnétique qui me coupe du monde,
Me rend aveugle, molle, sourde, chaude, sienne.
Le toucher de sa peau me remet en mémoire le pelage
Des fruits,
N’a d’égal  en douceur que celles de ses soies.
Et pour la beauté de ses gestes, son sourire ambigu
Et le modelé de son sexe, je donne volontiers
Tous les Botticelli.
Ses ongles effleurent, tracent des signes que l’on ne comprend pas
À la recherche d’un squelette.
Le même instant suggère et le voit disparaître.
D’ailleurs il dort comme un enfant
Ou bien comme un oiseau dans le creux de l’épaule.
Lui est ailleurs,
On ne le rejoint pas.
© Denise Miège
in La Mourre (Ed. St Germain des Prés, 1982)