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Christine Pizan

Christine de Pisan (1364 - 1432) est considérée comme la première femme de lettres française ayant vécu de sa plume.

 

Née à Venise, elle suit son père, médecin réputé et astrologue, appelé à Paris par Charles V en 1368. Elle hérite sans doute de son père son goût pour les études et sa soif de connaissances, et reçoit à la cour une solide éducation.Très tôt initiée à la musique et à la poésie, elle commence à composer des pièces lyriques qui lui valent l’admiration et même de nombreuses demandes en mariage (également motivées par la position de son père auprès du Roi). Dès qu'elle fut en âge, son père lui choisit un mari, Etienne Castel, frais diplômé, issu d'une famille noble de Picardie, et bénéficiant d'un office de notaire du roi. Le mariage eut lieu au début de l'année 1380. Christine avait alors 15 ans, Etienne 24. Christine a souvent raconté son bonheur et l'amour réciproque qui unissait le couple. Trois enfants naissent de cette union.

 

Les ennuis commenceront avec la mort en 1390 de son mari, victime d'une épidémie. Christine devient alors une jeune veuve de 26 ans avec trois enfants, une mère et une nièce à charge. Cependant, elle décide de ne pas se remarier, choisit le métier d’homme de lettres et réussit, malgré les obstacles (divers procès, santé fragile…) à garder un certain train de vie. Elle s'intéresse à l'Histoire, où elle acquiert tout un trésor d'anecdotes dont elle se sert dans la rédaction de ses œuvres, et prend soin de conserver toutes les relations qu'elle avait à la Cour.

 

Elle compose une série de pièces lyriques, compilées dans Cent ballades d'amant et de dame et Les complaintes amoureuses (1402-1410), qui obtiennent un grand succès. Ces pièces pleurent son défunt mari et traitent de sa condition de femme, des joies et peines de l’amour. Elle obtient des commandes et la protection de nobles. Parallèlement elle s’engage dans un combat en faveur des femmes et notamment de leur représentation dans la littérature. Son Epistre au Dieu d'Amours (1399) est considéré comme un manifeste du genre, la Cité des dames fera également grand bruit. Elle s’opposera en particulier à Jean De Meung et à son Roman de la Rose, au travers d’un ouvrage critique : le Dit de la rose (1402), forçant l’admiration de penseurs de son temps, tel Eustache Deschamps, qui lui apporteront leur appui, et conquérant ainsi une place dans le monde des hommes cultivés et des gens de pouvoir. Son « féminisme » est cependant à comprendre en le resituant dans son époque. En effet, son combat n'est pas féministe au sens moderne du terme ; elle le mène pour la réputation de femmes compromise par des écrivains misogynes, sans toutefois remettre en question la société dans laquelle elle évolue.

 

De 1399 à 1418, elle produit une œuvre considérable, en prose et en vers. L'ensemble de ses textes touche à tous les domaines. Elle fut poétesse ; mais également épistolière, rédigeant des lettres privées et publiques ; éducatrice et philosophe avec plusieurs véritables traités sociaux, politiques et moraux.  Elle s’attaque même au domaine militaire, rédigeant un Livre des fais d'armes et de chevalerie, fait incongru à l’époque, beaucoup d'hommes trouvant qu'elle passait là les bornes. Dans le domaine religieux elle rédige aussi trois ouvrages.
 
Son œuvre eut un succès important lors de son vivant et elle fait encore l'admiration de Clément Marot avant de tomber dans l'oubli, comme la plupart des auteurs médiévaux. Il faudra attendre le XXème siècle et le désir de réhabiliter les femmes dans la littérature pour que son œuvre prenne bonne place dans le milieu des études littéraires.

Ses textes

La fille qui n'a point d'ami